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Monday, November 6, 2023

La marge de manoeuvre de Québec - Le Devoir

Le ministre des Finances du Québec, Eric Girard, devra démontrer des talents d’équilibriste ou d’illusionniste, c’est selon. Sa mise à jour économique s’inscrit dans un contexte de négociations tendu et une conjoncture économique et sociale plutôt austère. Mais aussi avec la présence d’une marge de manoeuvre confortable. Il faudra voir quels seront les arbitrages retenus.

Le vaste mouvement de manifestation survenu lundi place cette mise à jour du ministre des Finances au coeur d’une difficile négociation en vue du renouvellement de la convention collective des quelque 650 000 employés de la fonction publique. Elle arrive au lendemain d’une hausse de 30 % du salaire des députés et à la veille d’un plongeon du Québec en récession. Avec, dans l’intervalle, une offre patronale « bonifiée » de 10,3 % sur cinq ans pour la partie salariale ramenée au rang d’insulte par le Front commun syndical.

Cette offre est à mettre dans la perspective d’une montée de l’indice des prix à la consommation (IPC) au Québec de 6,7 % sur une base annuelle moyenne en 2022 après une poussée de 3,8 % en 2021. S’y ajoute l’augmentation de 4,8 % sur un an mesurée en septembre dernier. Soit un effet de récurrence plutôt lourdement ressenti chez les salariés.

De son côté, avec un bond de 11,8 % du PIB nominal en 2021 et de 10 % en 2022, le cadre financier du gouvernement a largement bénéficié de l’inflation et de ses effets récurrents. Déjà le Rapport préélectoral sur l’état des finances publiques du Québec, publié en août 2022, renfermait une importante révision de la situation économique et budgétaire pour les exercices 2022-2023 à 2024-2025. Les revenus autonomes ont été revus à la hausse de 16 milliards sur cette période de trois ans en raison principalement de la récurrence des résultats plus favorables que prévu en 2021-2022, pouvait-on lire.

Et ce n’est pas fini au chapitre de l’inflation. À l’échelle canadienne, la Banque du Canada prévoit que l’inflation telle qu’elle est mesurée par l’IPC avoisinera 3,5 % en moyenne jusqu’à la mi-2024, pour baisser graduellement et revenir à 2 % en 2025. Mais elle martèle que l’inflation fondamentale se révèle plus tenace que ce à quoi l’on s’attendait, avec des taux sur trois mois demeurant élevés, oscillant entre 3,5 % et 4 % depuis un an. Et elle évoque une élévation des risques inflationnistes, notamment dans un scénario de guerre entre Israël et le Hamas dégénérant en conflit régional à plus grande échelle.

Marge de manoeuvre de 10 milliards

Dans un autre rapport, celui sur la viabilité financière 2023 des gouvernements rédigé par le directeur parlementaire du budget (DPB) et publié en juillet, il est estimé que la politique budgétaire actuelle du Québec, de la Saskatchewan, de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick et de l’Alberta est viable à long terme. « Nous considérons que ces provinces disposent d’une marge de manoeuvre financière leur permettant d’augmenter les dépenses ou de réduire les taxes et les impôts. » C’est le Québec qui affiche la marge la plus élevée parmi ces cinq provinces, à 1,8 % du PIB provincial. L’Alberta affiche la plus basse à 0,1 % du PIB.

Pour le Québec, « la politique budgétaire actuelle est viable à long terme. La province pourrait réduire ses impôts ou augmenter ses dépenses de façon permanente à raison de 1,8 % du PIB (10 milliards de dollars, en dollars courants, augmentant ensuite au rythme du PIB) tout en stabilisant la dette nette du gouvernement (en pourcentage de l’économie) à long terme », précise le DPB.

Autre point favorable pour le Québec, alors que le solde (budgétaire) primaire — soit avant le paiement des charges sur la dette — par rapport au PIB de la plupart des provinces devrait se détériorer à long terme, sous le poids du vieillissement de la population sur les dépenses en soins de santé, la baisse du ratio du solde primaire ne sera que marginale au Québec sur l’horizon de temps retenu par le DPB. Il faut cependant lier ce positionnement au fait que cette stabilité relative s’explique principalement par une augmentation des paiements au titre de la péréquation et du Transfert canadien en matière de santé.

La récession frappe

 

Or, la récession frappe désormais à nos portes. En décembre dernier, les projections de Québec portaient sur une croissance du PIB réel de 0,7 % en 2023 et sur une augmentation de l’IPC de 3,7 %. Au cumul en juillet, après sept mois, le PIB est de 0,5 % supérieur à celui des mêmes mois de 2022, ce qui implique une croissance nulle pour chacun des deux derniers mois. La production des industries de biens a diminué pour un cinquième mois de suite, nous dit l’Institut de la statistique du Québec.

Quant à son impact, le rapport préélectoral sur les finances publiques renfermait également une simulation selon un scénario de récession modérée. L’analyse des données historiques indique qu’une récession d’ampleur moyenne retrancherait 2,8 points de pourcentage à la croissance du PIB nominal la première année du choc, et de 0,7 point l’année suivante. La croissance du PIB nominal reviendrait à son niveau d’avant récession sur un cycle de cinq ans.

Et le rapport d’ajouter que l’impact sous forme de perte de revenus autonomes est estimé alors à 8 milliards sur cinq ans auquel il faut ajouter une augmentation des dépenses liées notamment aux programmes de soutien. Soit un impact global de 10 milliards sur cinq ans, que viendrait absorber la provision constituée pour contrer les effets de la récession.

Quant à celui de la hausse des taux d’intérêt, au 31 mars 2022, soit avant la remontée musclée des taux d’intérêt, l’échéance moyenne de la dette du Québec s’établissait à 11 ans avec 86 % des emprunts réalisés en 2022-2023 ayant une échéance de dix ans ou plus.

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